La notion de commun est de plus en plus utilisée pour qualifier nos ressources naturelles. L’eau, la terre, les forêts, la biodiversité du vivant seraient nos « biens communs ». Il s’agit ainsi d’affirmer que ces ressources sont précieuses et que les pressions écologiques qu’elles subissent nous concernent tous.

Cela dit, qualifier une ressource naturelle de « commun » n’est pas pour autant une garantie contre sa dégradation. En quoi et comment la notion de « commun » peut-elle devenir à la fois éclairante et opérante ?

Il faut sans doute se tourner vers les démarches de coopération et de gouvernance qui y sont associées. La « gestion en commun » nous permettrait ainsi de dépasser nos propres intérêts pour entrer dans des modes de prises en charge nouveaux.

Cette e-lettre revient sur la séance qui s’est tenue en novembre 2019 à l’Académie d’Agriculture de France à laquelle nous avons contribué et qui était consacrée à cette question.

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Toujours moins d’agriculteurs en France, est-ce vraiment inéluctable ?

Cette Lettre est écrite avec L’Institut d’Auvergne du Développement des Territoires (IADT) et S’Installer en Massif Central. Notre objectif est de présenter le projet TEMOIN au travers de différents regards et de rendre compte des premières analyses et avancées qui en ressortent à ce stade.

La MSA (Mutualité Sociale Agricole) est formelle et vient de le rappeler en cette fin janvier 2019 : le nombre total d’agriculteurs continue de baisser en France. Le nombre de chefs d’exploitations agricoles s’est réduit à 448 500 en 2018, il s’élevait encore à 453 000 en 2017, 462 000 en 2016. Il y a dix ans, en 2008, la France comptait 514 000 exploitations. Le pays perd entre 1.5 % et 2 % de chefs d’exploitation par an. « Les installations de nouveaux agriculteurs ne compensent toujours pas les départs, c’est systématique chaque année » a précisé un responsable de la MSA à l’AFP le 28 janvier dernier.
Les chiffres sont donc têtus et les projections ne sont guère encourageantes au regard de la pyramide des âges de la profession : il y a, année après année, toujours moins d’agriculteurs en France. Ce constat est malheureusement connu de longue date et certains territoires s’inquiètent de passer sous un seuil irréversible avec des densités agricoles devenus trop faibles pour maintenir un tissu professionnel.
Personne n’est insensible à cette situation. Organisations agricoles, acteurs des filières agro-alimentaires, élus nationaux comme locaux, habitants proches ou lointains s’en inquiètent sincèrement. Les effets d’une désertification agricole sont en effet bien connus et redoutés : déprise économique en chaîne, densification excessive des aires urbaines et fragilisation de la vie rurale, non entretien des espaces, avancée des friches et déséquilibres écologiques. Pourtant, en contre-point, nombreux sont ceux qui remarquent que le métier d’agriculteur attire de nouveau. De jeunes entrepreneurs, qu’ils soient ruraux ou urbains, souhaitent de plus en plus s’y lancer. Au Sima 2019 (Mondial des fournisseurs de l’agriculture et de l’élevage), en écho à cette tendance, se tenait même le premier carrefour pour l’installation de personnes non issues de monde agricole. De nombreux jeunes issus de familles agricoles souhaitent également reprendre le flambeau pour peu que ce métier ne devienne pas un sacerdoce.

Alors faut-il se résigner et accepter ce paradoxe ?

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RETOURS SUR LES ASSISES 2017

L’équipe de Sol et Civilisation vous propose une lecture transversale des propos tenus lors de notre évènement
« Agriculture -Société, je t’aime moi non plus / Un new deal est il possible ? ».

 

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Sol et Civilisation est née, il y a presque 25 ans, soit une génération, d’une intuition forte de quelques personnalités du milieu agricole et d’autres horizons de la  société civile : notre société pour construire ses équilibres a besoin de tous ses territoires, qu’ils soient urbains ou ruraux. Question ancienne qui se renouvelle, les relations villes-campagnes ont été réinvesties par différentes politiques publiques. Loin d’être désuète, la vieille question des relations villes-campagnes se renouvelle au prisme des enjeux environnementaux, sociétaux et économiques contemporains.
C’est dans cette perspective que Sol et Civilisation a souhaité re-explorer, à l’occasion de ces deux dernières assises (2015, 2016), la thématique à l’origine de son fondement. Durant celles-ci, nous avons interrogé la place des campagnes dans les dynamiques contemporaines et les modalités de leurs relations avec les villes et les métropoles. Les différent.e.s interventions et échanges ont permis d’explorer les modalités des dialogues et des échanges villes-campagnes, autrement dit, d’essayer de penser les systèmes plutôt que les parties, les interactions plutôt que les situations.
Quel est le bilan de la situation en 2017 ?
Sommes-nous engagés sur la voie de ces nouvelles relations ?
Quelles réalités observons-nous ?
Quelles dimensions reste-t-il à explorer ?
Ce numéro, intitulé « Chemins de campagne, la ville autrement », interpelle les résultats de nos deux dernières assises et explore de nouvelles dimensions au sein de cette thématique.

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Lettre 59.indd Ces Assises marquent les 25 ans de Sol et Civilisation. Raymond Lacombe et ses amis lançaient effectivement en 1991 Sol et Civilisation suite au Dimanche des Terres de France, grande manifestation parisienne qui mobilisait 300 000 ruraux dans les rues de la Capitale. Il résumait cet élan avec quelques mots simples mais qui résonnent encore aujourd’hui : « Une France rurale forte est indispensable à l’équilibre de notre pays […] et j’en appelle aux gens des villes de prendre cette main que nous venons de tendre et de la croiser avec nous ». La ruralité n’est pas un espace restant entre deux villes, ce sont des territoires de vie, de projet, d’innovation qui contribuent à la bonne santé, sociale, économique et environnementale de notre société. Mais la ruralité n’est pas seule, et son avenir se construit avec le monde urbain. Raymond Lacombe appelait alors de ses voeux à ne pas s’opposer mais à mieux collaborer, sans condescendance.
Une génération plus tard, notre monde a changé, nos territoires aussi. Aujourd’hui, la société déborde des territoires, le mode de vie « urbain » et la société de la mobilité, du temps libre se sont généralisés. Par ailleurs, l’économie s’est largement tertiarisée, y compris dans les campagnes. Parallèlement, l’aménagement du territoire en France s’est reconfiguré récemment du fait d’une triple réforme : loi sur les régions, loi sur les métropoles, loi sur l’organisation de notre République et a fait émerger un nouveau couple organisateur : les régions d’une part et les métropoles d’autre part.
Où en est aujourd’hui le couple ville-campagne ?

 

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L’installation de nouvelles populations, le développement des mobilités les demandes nouvelles de services «comme en ville», les attentes des

L’économie des territoires connaît depuis la fin des Trente Glorieuses des mutations profondes. Les besoins d’innovation, les diversifications sectorielles, les nouvelles mobilités demandent aux entreprises d’anticiper sans cesse pour rester compétitives et attirer les meilleures compétences. Les territoires ruraux sont bien sûr largement concernés par ces évolutions, leur économie est en perpétuel changement et l’effort d’adaptation devient quotidien. Comment dès lors mieux les accompagner ? Comment susciter des dynamiques entrepreneuriales proactives ?

Nos Assises 2014, une fois n’est pas coutume, se sont tenues en Chartreuse, ce beau massif inspirant qualifié par Stendhal comme « l’émeraude des Alpes », sur le thème de la forêt et de la valorisation de la ressource bois.
L’ambition était double : il s’agissait d’une part de marquer notre attachement au groupe de réflexion local, présidé par Pierre Baffert, qui se réfère à notre projet et d’autre part, de s’interroger sur un paradoxe apparent de l’économie de nos territoires ruraux, rappelé rapport après rapport, la souffrance des filières bois malgré une demande croissante pour ce matériau et ses divers débouchés.
La ressource Bois est de plus en plus plébiscitée par nos concitoyens et nos politiques, soucieux de développement durable. L’énergie renouvelable, la construction-bois, les biomatériaux sont au coeur de la nouvelle croissance verte que chacun appelle. La France par ailleurs voit sa superficie forestière augmenter année après année. Depuis le début du XIXème, certes le point bas de notre histoire, sa superficie a plus que doublé. Notre superficie forestière s’élève aujourd’hui à environ 16 millions d’hectares. Nous étions à 11 millions d’hectares après la Deuxième Guerre mondiale. Nous gagnons encore environ 25 000 hectares par an. Or, nous constatons ces dernières années que la filière bois accuse un déficit de près 6 milliards d’euros, – 6.1 milliards en 2012, -5.6 en 2013. Derrière ces chiffres, nous le savons bien, il y a aussi des réalités douloureuses : des scieries, des PME qui ferment, de l’emploi qui s’évapore.
Est-ce donc inéluctable ? Quels sont les chemins possibles de changement ? Car, si nous sommes convaincus que les territoires ruraux ont un rôle à jouer dans nos sociétés modernes, autres que d’être des réserves foncières ou des espaces de recréation, et que la valorisation de la ressource Bois est doublement vertueuse, pour notre économie et pour nos équilibres environnementaux, il convient de s’interroger sur l’activation de cette ressource.
Plutôt que refaire un énième diagnostic, nous avons donc cherché à mieux cerner les potentiels d’innovation et surtout les processus qui permettent effectivement d’engager des dynamiques durables. Car l’importance n’est pas tant de constater, une fois encore, ce que l’on pourrait faire, mais bien de s’interroger sur le comment faire. Nous avons donc tenté de comprendre comment, dans nos sociétés et économies modernes, c’est-à-dire ouvertes aux vents des marchés et sensibles aux désirs d’une population essentiellement urbaine, on peut rester compétitif, innover, et prendre en compte les exigences environnementales et sociétales. Autrement dit, comment on
croise filière et territoire, performance économique et respect de l’environnement, exploitation et biodiversité. Il nous apparaît après ces débats dont vous trouverez ci-après les points essentiels que les solutions seront territoriales, c’est-à-dire qu’elles seront le fruit d’une dynamique collective capable de contextualiser ses réponses et de sortir des idéologies enfermantes.
L’économie du bois a donc une valeur d’exemple. Ces difficultés sont les symboles de notre rapport ambigu à l’économie du vivant, à la fois très attendue, mais également très contrainte. Ces réussites montrent à l’inverse comment nous pouvons effectivement activer ensemble des stratégies positives, articuler les attentes des uns et des autres, et s’engager ensemble dans des voies de changement gagnantes pour tous.
Je vous souhaite une bonne lecture et profite de cette occasion pour vous souhaiter une très belle année 2015, pleine de sève.

Anne-Claire VIAL, présidente de Sol et Civilisation

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La notion est apparue en 1350, est alors qualifiée de rural tout ce qui concerne « la vie dans les campagnes : l’habitat, l’économie, les mœurs… » (Y. Jean et M. Perigord – 2009). Pendant très longtemps, la campagne, de par ses activités, son rapport au sol, son organisation sociale, est un monde en soi, bien différent de la ville. Cette distinction est même structurante pour nos sociétés, l’urbain et le rural sont deux modalités d’occupation de l’espace, deux façons de vivre ensemble.

Aujourd’hui cette dichotomie ville-campagne semble de plus en plus dépassée. L’uniformisation des modes de vie, le développement des mobilités, la tertiarisation accrue de nos économies, l’interpénétration des habitats, font que la campagne ne serait plus vraiment la campagne. La ville, plus ou moins dense, serait finalement partout. Certains dès lors s’interrogent : le rural existe-t-il encore ?

Cette question ne nous semble pas seulement théorique car elle nous renseigne finalement sur l’ambition que nous avons pour les territoires ruraux. Seront-ils seulement des réserves foncières, des lieux de nature ou de production ou pourront-ils, par leur altérité propre, contribuer à construire d’autres équilibres, participer activement au développement harmonieux de nos sociétés ?

Ce 54ème numéro de notre Lettre ouvrira la question. Nous vous proposons pour ce faire d’abord le regard de trois chercheurs en sciences sociales, Guy Baudelle, Francis Aubert et Gilles Laferté, respectivement géographe, économiste et sociologue. Nous ouvrirons ensuite le débat avec quelques personnalités engagées Serge Bonnefoy, secrétaire technique de Terres en Villes, Vincent Piveteau, président du Collectif Ville Campagne, et Claire Bolduc, présidente de Solidarité Rurale du Québec. Nous vous proposerons enfin quelques réflexions que nous avons défendues avec Notre Europe-Institut Jacques Delors suite à une série de séminaires que nous avons co-organisée cet hiver sur la place des territoires ruraux dans l’Europe du XXIème siècle.

Les campagnes d’hier ont de toute évidence disparues. Les campagnes d’aujourd’hui sont de plus en plus connectées, les frontières comme partout s’effaçant peu à peu. Pourtant il nous apparaît bien que la ruralité, comme façon d’être au monde, comme pôle d’innovation, a encore toute sa modernité. Si l’espace clos n’est plus, le territoire reste bien une notion d’avenir.

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