Place de la ruralité et de l’agriculture dans la société française
2010
Dans cet extrait du discours d’ouverture des 20èmes Assises de Sol et Civilisation, l’auteur propose un diagnostic des lignes de tension qui marquent la société française : l’érudit versus le citoyen, les responsabilités individuelles et collectives, l’homme consommateur et l’homme acteur… Il invite à trouver de nouvelles relations en phase avec la recherche de sens de bien vivre qui caractérise une société de plus en plus immatérielle.
Quelle est la place d’une ruralité sans paysans, d’une agriculture sans agriculteurs ? Quelles sont les nouvelles solidarités ?
Nous allons devoir faire face à des bouleversements complets de la société : c’est évidemment dans l’immédiat la crise financière, mais c’est aussi le basculement démographique qui va complètement changer le rapport entre personnes âgées et personnes jeunes, c’est aussi le défi alimentaire sur lequel nous reviendrons, les bouleversements de caractères idéologiques, car plus l’avenir est incertain, plus les tentations sont fortes de se réfugier dans des intégrismes protecteurs et dans des oppositions de pensées.
Paradoxalement, au moment où nous n’avons jamais eu accès à autant de connaissances, il n’y a jamais eu autant d’incertitudes par rapport à l’avenir et autant de résistances par rapport au progrès. Les réflexes des peuples n’étant pas toujours salutaires, nous pourrions constater des replis identitaires, des replis idéologiques, des replis territoriaux complètement suicidaires, soutenus par des votes démocratiques. Il est vrai que ce sont des réflexes de survie, mais la notion de survie peut quelquefois faire en sorte que celui qui est en train de se noyer frappe celui qui est en train de le sauver.