La distinction est apparemment simple ; le sol renvoie à la nature, la civilisation à la culture. Sauf que dans l’histoire de l’humanité, le sol a aussi toujours été une culture et finalement une civilisation. Et le paradoxe est que le XXIème siècle verra le grand retour de la civilisation du sol et de toutes les cultures qui y sont liées, par opposition au modèle urbain du XXème siècle. Non seulement parce que le déséquilibre ville-campagne est disproportionné et qu’il faudra bien le rééquilibrer au profit des campagnes, mais aussi parce que la population de 8 à 10 milliards d’individus obligera à revaloriser dans un monde ouvert et tout petit l’importance de l’agriculture et de la nature comme dimension économique, anthropologique et culturelle. C’est cela le grand renversement anthropologique : la question du sol, de l’agriculture, de la nature, est la nouvelle frontière de la civilisation technique des systèmes d’information triomphants.