Le rural existe t’il encore ? (54)

La notion est apparue en 1350, est alors qualifiée de rural tout ce qui concerne « la vie dans les campagnes : l’habitat, l’économie, les mœurs… » (Y. Jean et M. Perigord – 2009). Pendant très longtemps, la campagne, de par ses activités, son rapport au sol, son organisation sociale, est un monde en soi, bien différent de la ville. Cette distinction est même structurante pour nos sociétés, l’urbain et le rural sont deux modalités d’occupation de l’espace, deux façons de vivre ensemble.

Aujourd’hui cette dichotomie ville-campagne semble de plus en plus dépassée. L’uniformisation des modes de vie, le développement des mobilités, la tertiarisation accrue de nos économies, l’interpénétration des habitats, font que la campagne ne serait plus vraiment la campagne. La ville, plus ou moins dense, serait finalement partout. Certains dès lors s’interrogent : le rural existe-t-il encore ?

Cette question ne nous semble pas seulement théorique car elle nous renseigne finalement sur l’ambition que nous avons pour les territoires ruraux. Seront-ils seulement des réserves foncières, des lieux de nature ou de production ou pourront-ils, par leur altérité propre, contribuer à construire d’autres équilibres, participer activement au développement harmonieux de nos sociétés ?

Ce 54ème numéro de notre Lettre ouvrira la question. Nous vous proposons pour ce faire d’abord le regard de trois chercheurs en sciences sociales, Guy Baudelle, Francis Aubert et Gilles Laferté, respectivement géographe, économiste et sociologue. Nous ouvrirons ensuite le débat avec quelques personnalités engagées Serge Bonnefoy, secrétaire technique de Terres en Villes, Vincent Piveteau, président du Collectif Ville Campagne, et Claire Bolduc, présidente de Solidarité Rurale du Québec. Nous vous proposerons enfin quelques réflexions que nous avons défendues avec Notre Europe-Institut Jacques Delors suite à une série de séminaires que nous avons co-organisée cet hiver sur la place des territoires ruraux dans l’Europe du XXIème siècle.

Les campagnes d’hier ont de toute évidence disparues. Les campagnes d’aujourd’hui sont de plus en plus connectées, les frontières comme partout s’effaçant peu à peu. Pourtant il nous apparaît bien que la ruralité, comme façon d’être au monde, comme pôle d’innovation, a encore toute sa modernité. Si l’espace clos n’est plus, le territoire reste bien une notion d’avenir.

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